Marc Camiolo

S’il faut à Bill Clinton l’occasion d’une victoire à l’élection présidentielle pour sortir son sax ténor, Marc Camiolo saisit l’occasion de la soutenance de sa thèse de sociologie du risque pour en faire autant. Cet ancien musicien, artiste raté, a donc fini par se consacrer à l’enseignement et à la recherche. Il faut bien gagner sa croute. Et puis, l’enseignement et la recherche ne sont pas si éloignés que cela d’une production artistique. Il faut souvent improviser et toujours étudier les anciens pour pouvoir dire (jouer) quelque chose de nouveau.

 Alors, après quelques détours universitaires par la musicologie, les sciences de l’éducation et la psychologie, c’est en sociologie qu’il décide de chercher. Que cherche-t-il ? Il cherche à comprendre comment nous produisons et comment nous reproduisons la culture du risque qui détermine nos comportements quotidiens. Toute recherche nécessite un « terrain » de recherche. Pour un « fils-d’auto-école-forbachoise », ce terrain de (jeu de) recherche ne pouvait pas être autre que celui de « l’éducation routière ». Quels risques prenons-nous sur la route ? Comment ces risques sont transmis par les experts de l’éducation routière ? Voilà les questions de départ d’une recherche qui a pris son temps.10 ans plus tard et 631 pages mille fois modifiées et finalement validées par un jury de thèse (on dit maintenant Docteur Camiolo), est-ce qu’on finit par trouver (prouver) quelque chose ? Peut-être ça : Il se pourrait que les formations à la sécurité laissent inchangées (ou aggravent) les risques que prennent les usagers de la voie publique. Comment ? En participant d’une culture du diplôme (plutôt que de l’apprentissage) et de la formation obligatoire (qui empêche quelqu’un de « désirer apprendre »).

 Finalement, les citoyens français, non contents de s’être rendus dépendants de leur automobile de 1945 à 1973, se sont rendus dépendants de leurs institutions d’enseignement de la conduite de 1959 à 1992. Pourtant nous avons des jambes (et des vélos), pourtant un père (par exemple) peut bien enseigner les règles de base du code de la route ou la manipulation d’une automobile. Non, ce n’est plus d’actualité. Nous sommes devenus des « hommes-à-moteur » qui ne savent plus apprendre (des choses simples) sans avoir recours à des experts en tout genre. Le travail du sociologue n’est pas de s’en plaindre, ni  de s’en attrister mais simplement de signifier ce « fait social » et de tenter de l’interpréter. Voilà ce qui attend le lecteur courageux (et un peu cinglé) qui voudrait creuser le sujet et lire cette thèse. Nous ne pouvons que lui conseiller cependant, en attente de sa publication, de lire un autre livre en guise d’introduction, traduit par le jeune docteur et dont l’auteur est professeur émérite de psychologie à Kingston au Canada. Il s’agit du Risque cible de Gérald Wilde, publié en 2012 aux éditions EME. Ce livre est disponible chez votre libraire habituel ou bien en téléchargeant le bulletin de commande ici même : Formulaire d achat3 1Formulaire d achat3 1 (35.95 Ko).

 Marc Camiolo est docteur en sociologie, psychologue et intervenant dans la formation des conducteurs et des enseignants de la conduite. 

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